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Lou loup e lou rinard

 

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Aquo es n'histoiro que moun païre me countavo quant erou pechit.

L'ero d'hivert e la fasio ün freït abouminable. Ün rinard avio pres l'habitudo de venir roubar des jarines ou Vierar e na nuech a agu na surpreso. Quant es arriba dran lou poulailler: Pan! na ballo li a sibla as oureilles. Putan! Li a pa chagu ben de tens pre s'entournar d'ounte venio !

De matin, a decida d'anar dou caïre dou Suffi pre veïre si pouio agantar na lebre e, aqui, a agu n'aoutro surpreso !

Tou d'ün cop, ün loup souert dou bouesc e se planto dran el. L'ero pa na pechito bestio ; avio l'eïchino ben larjo e de pattes ben grosses; que far ? Tournar en reïre ? Vourio pa far veïre qu'avio poour ; vario mieï far ami-ami.

L'ero pa na pechito bestio!

- Aï fam, di lou loup, la faï dui jours qu'aï pas manja ren !
- You deco aï fam, di lou rinard, e aquesto nuech, aï manca de me far tuar ! e couento ou loup ço que li ero arriba.

Les doues besties decidoun d'anar à la mountagno pre charchar coucaren à manjar.

-Ichi den lou bouesc, di lou rinard, les besties poun s'estremar, me dou caïre de Clousis, l'es pa la memo caouso e la sario ben estounant si troubaven pa na lebre à agantar. Regarda ben à drecho e you regardou de l'aoutre caïre.

E li dui coumpaïres marchoun, marchoun ; toujour ren ! Si ! De jarabies que cacabavoun à la cimo de li aoubres coumo pre se rire d'aquelli dui. Arriboun à Clousis e lou loup di :
- Aï se, me l'Aïgo Grand es jara ! Aï mangia ün poou de niou me la faï pa passar la se; que far ?
- Aquo es ren, respouent lou rinard, anen dinco ou laous de Blancho, sare jara deco me aven de bouenes arpies, la sare pas difficile de far ün traouc pre puicher buoure !

Lou rinard es rusa e avio soun ideïo, vourio se desbarrassar de l'aoutre. Arriboun ou laous e lou rinard se bieto à esdarbiar la niou qu'ero ben espesso. Apres, lou loup se bieto à raspiar lou glas, e chiscun à soun tour de travaillar. Finissoun pre far ün traouc e lou rinard di ou loup :
- Agragnavous e buve ün bouen cop !

Lou loup esprovo e di :
- L'es pa prou larc, y arribou pa !
- Cha eslargir lou traouc, di lou rinard, e se bieto à l'obro.
- Vequi, eïro pourre buoure. Vous fase pa de souci, vous tenou pre la couo pre que chie pa dedin lou laous.

Lou loup assicura s'abaouso e buou. Lou rinard groumelavo :
- Lapo, lapo, la couo m'escapo !
e d'ün cop, lacho la couo e embe sa testo pousso lou loup que cheï den lou laous. La bestio bruto arpatiavo tan que pouio me a pa pougu sourtir e s'es nia.

Lou rinard, desbarrassa d'aquello mario coumpanio, a countinua soun chamin tranquilloment.

 

Voici une histoire que mon père me racontait quand j'étais petit.

C'était en hiver et il faisait un froid abominable. Un renard avait pris l'habitude de venir voler des poules au Villard et une nuit il a eu une surprise. Quand il est arrivé devant la porte du poulailler : Pan ! Une balle lui a sifflé aux oreilles. Putan (juron anodin) ! Il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour retourner d'où il venait !

Le matin, il a décidé d'aller du côté du Suffi pour voir s'il pouvait attraper un lièvre et là il a eu une autre surprise !

San-Vran, l'Aïgo grand

Tout d'un coup, un loup sort du bois et se plante devant lui. Ce n'était pas une petite bête ; il avait l'échine bien large et des pattes bien grosses.
Que faire ? Faire demi-tour ? Il ne voulait pas montrer qu'il avait peur ; il valait mieux faire ami-ami.

- J'ai faim, dit le loup, ça fait deux jours que je n'ai rien mangé !
- Moi aussi j'ai faim, dit le renard et cette nuit j'ai failli me faire tuer !
et il raconte au loup ce qui lui était arrivé.

Les deux compères décident d'aller à la montagne pour chercher quelque chose à manger.

- Ici dans le bois, dit le renard, les bêtes peuvent se cacher mais du côté de Clausis ce n'est pas la même chose et ce serait bien étonnant si nous ne trouvions pas un lièvre à attraper. Regardez bien à droite et moi je regarde de l'autre côté.

Et les deux bêtes marchent, marchent ! Toujours rien ! Si, des perdrix qui cacabaient à la cîme des arbres comme pour se moquer d'eux.
Ils arrivent à Clausis et le loup dit à son compère :

- J'ai soif, mais même la rivière est gelée ; j'ai mangé un peu de neige mais ça n'enlève pas la soif ; Que faire ?
- Ca, ce n'est rien, répond le renard, allons jusqu'au lac de Blanche, il sera gelé aussi mais nous avons de bonnes griffes et ce ne sera pas difficile de faire un trou pour pouvoir boire !

Le renard est malin et il avait son idée, il voulait se débarrasser de l'autre.
Ils arrivent au lac et le renard se met à fouiller la neige qui était bien épaisse. Après, le loup se met à gratter la glace et à chacun son tour de travailler. Ils finissent par faire un trou et le renard dit au loup :

- Accroupissez-vous et buvez un bon coup !

Le loup essaie et dit :
- Ce n'est pas assez large, je n'y arrive pas !
- Il faut élargir le trou, dit le renard, et il se met au travail.
- Voilà, maintenant vous pourrez boire.
- Ne vous faites pas de souci, je vous tiens par la queue pour que vous ne tombiez pas dans le lac.

Le loup rassuré se penche et boit.
Le renard grommela :

- Lape, lape, la queue m'échappe !

et, d'un coup, il lâche la queue et avec sa tête il pousse le loup qui tombe dans le lac. La bête cruelle remuait les pattes tant qu'elle pouvait mais elle n'a pas pu sortir et s'est noyée.

Lapo, lapo, la couo m'escapo!


Le renard débarrassé de cette mauvaise compagnie a continué tranquillement son chemin.